Renouveau de la tradition d'Olentzero : les Bénédictins de Lazkao dans les années 1960

Témoin(s) : Libe Goñi Garate

Libe raconte comment, le 24 décembre 1963, de jeunes bénédictins, Manuel Aldaregi et Jazinto F. Setien, firent renaître le personnage d'Olentzero.

"Je garde un souvenir très fort qui date des années 1960, probablement de 1963...

Lazkoa est un petit village qui, avant la guerre civile de 1936, sortait sur la place publique le personnage d'Olentzero.

Mais moi je n’en savais rien...

Cette année là, dans mon petit village, il y avait comme à l’habitude le  24 décembre la  crèche vivante,avec certains villageois dans le rôle de Joseph et Marie avec l’Enfant Jésus dans ses bras se promenant dans une carriole joliment décorée, d’autres interprétant en groupe des chants d’église. C’était l’habitude, les gens sortaient sur la place pour les voir et les entendre,  puis rentraient chez eux pour diner en famille.

Jusqu’au jour où le village vit arriver deux  jeunes prêtres,  Manuel Aldaregia eta Jazinto F. Setien, dont le second  en particulier travailla beaucoup au sein des ikastolas en y ouvrant de nombreuses brèches.

Cette année là,  nous allâmes donc dehors pour écouter les chanteurs quand nous vimes sortir d’une cabane un homme affublé d’un nez rouge et d’une gourde à vin.   Je me rendis compte que tout le monde, subitement,  se tut... Je regardais les gens  et ils pleuraient.... Ma mère  inquiète et l’affut, tout en regardant derrière elle, murmurait :

-Ils ne sont pas venus,
- Maman, de qui parles-tu ? Que se passe-t-il  ?
- Olentzero
- Quoi ?
- Ils ne sont pas venus ?
- De qui parles-tu ?
Txapel okerrak, ceux qui portent des tricornes (les gardes civils)
-Pourquoi, que se passe-t-il ?
- Olentzero, se limitait à répéter ma mère.

Et tout le monde restait là, pétrifié...  Ce soir là, il me semblait  lire en eux  leurs douleurs,  leurs bonheurs, les guerres, la famille, le village,  le pays...

La nuit s’acheva ainsi et l’année suivante on ne vit pas un olentzero mais  trois ! Chaque quartier sortit le sien.

Moi je continuais à vouloir savoir et ma mère m’expliqua enfin qui était olentzero :

"C’était notre Noël,  le charbonnier qui travaillait dans la montagne, qui  apportait  charbon, lumière, espérance, qui annonçait la venue du soleil puis également plus tard, au fur et à mesure de sa récupération par la religion catholique, celle  de l’Enfant-Jésus..."

Avant la guerre civile, Olentzero sortait dans tous les villages, c’était notre Noël, il n’apportait pas de cadeaux mais de l’espérance... Avec la guerre civile, avec Franco, tout a disparu.

Je suis restée  très touchée par cet épisode,  très touchée de voir le mélange d’étonnement, de peine et de bonheur que cette renaissance suscitait...".


Témoin(s) : Libe Goñi Garate

Fonds d'archives : Archives départementales des Pyrénées-Atlantiques

Collection(s) : Danse basque

Collections de témoignage(s):

Collecteur(s) : Terexa Lekumberri

Date : 02-08-2013

Durée : 0:04:40

Référence : 193-12

Code du Pôle d'Archives de Bayonne et du Pays Basque : 19 AV 907

Lien externe : http://earchives.le64.fr/ead.html?id=FRAD064_IR0643&c=FRAD064_IR0643_de-909

Thème(s) : Personnages, Contes, mythes et histoires


Droits et conditions de reproduction

© Département des Pyrénées-Atlantiques – Archives départementales

Le témoignage est consultable dans son intégralité à l'Institut culturel basque (sur rendez-vous). 
Il l'est aussi dans les salles de recherches des Archives départementales à Bayonne et à Pau (là encore sur rendez-vous).
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