Les sorcières comme sources d'inspiration

Témoin(s) : Marie Darrieussecq

"Ma mère dit volontiers d'elle-même qu'elle est un peu « sorgin ». Ma grand-mère et mon arrière-grand-mère étaient un peu étranges aussi. Très catholiques bien sûr, très pieuses, mariées à des communistes, elles étaient très basques, de Ciboure. Il y a des fluides dans la famille… Alors je ne peux pas dire que j'y crois, mais cela me plaît énormément. Il y a des rêves prémonitoires, des tables qui tournent, un peu de télépathie, un peu de voyance, j'aime beaucoup ça, et il y a des choses assez inexplicables aussi parfois. Bizarrement du côté de mon père aussi, alors qu'il se présente comme un homme rationnel, mon père qui est basque aussi mais un peu plus gascon, le nom de Darrieussecq vient d'ailleurs de Peyrehorade. Ma grand-mère paternelle parlait basque mais ils ont refusé le basque comme quelque chose d'ancien : la France, la République, le frigo, ça allait ensemble, la maison, la villa individuelle, tout ça. Le côté de ma mère n'était pas du tout comme ça et d'ailleurs le côté de mon père méprisait le côté de ma mère...Tout cela pour dire que malgré tout du côté de mon père, il y a aussi des histoires très irrationnelles, des jolies histoires inexplicables et cette ambiance a beaucoup infusé mes romans. À Paris, tous les parisiens vont voir des voyantes, mais ce n'est pas du tout perçu pareil, ce n'est pas de la sorcellerie. Les africains, eux, sont venus remettre un peu de sorcellerie à Paris mais on n'y touche pas à tout ça à Paris, alors qu'ils sont aussi irrationnels que nous, mais bon...

En fait, les sorcières c’était évidemment des femmes en général ménopausées, en dehors des circuits de la reproduction et de la séduction, qui étaient ostracisées pour diverses raisons, et qui se débrouillaient à gagner leur vie. Elles étaient souvent en danger car en général plus libres que les autres. Il y a toute une histoire de la sorcellerie qui est bien connue… C'était aussi je pense les ancêtres des écrivaines, car les femmes étaient interdites d'écriture. Marguerite Duras et d'autres l'ont dit avant moi, j'aime bien cet héritage-là".


Témoin(s) : Marie Darrieussecq

Fonds d'archives : Archives de l'Institut culturel basque

Collection(s) : Entretiens "Témoins de la culture basque"

Collections de témoignage(s):

Collecteur(s) : Jasone Iroz

Date : 19-07-2018

Durée : 0:02:30

Référence : EKL-7-7

Code d'archives de l'ICB : EKL-7-7

Thème(s) : Récits et croyances, Littérature et pratiques de lecture


Droits et conditions de reproduction

Les contenus de cette page sont sous licence Creative Commons Attribution - Pas d’Utilisation Commerciale - Partage dans les Mêmes Conditions 4.0 International (CC BY-NC-SA 4.0)

Vous êtes autorisé(e) à partager et à adapter ce contenu. Vous devez cependant le créditer (CC BY-NC-SA 4.0 - Euskal kultur erakundea - Institut culturel basque - www.mintzoak.eus), intégrer un lien vers la licence et indiquer si des modifications ont été effectuées au contenu. Vous n'êtes pas autorisé(e) à faire un usage commercial de ce contenu, ou de tout ou partie du matériel le composant. Dans le cas où vous effectuez un remix, que vous transformez, ou créez à partir du matériel composant le contenu original, vous devez diffuser le contenu modifié dans les mêmes conditions, c'est à dire avec la même licence avec laquelle le contenu original a été diffusé.

Développé par CodeSyntax. CMS : Django.